Jacqueline Salmon
Les Boutographies Hors les murs
À partir du 18 avril 2014, et dans le cadre des Boutographies Hors les murs, le Centre d’art La Fenêtre accueille l’exposition Détentions 1993-2013, présentant le travail de la photographe Jacqueline Salmon sur la Maison d’arrêt de la Santé à Paris ainsi que la Maison centrale de Clairvaux.
« Si je suis devenue photographe, c’est pour témoigner d’un état de notre société et particulièrement en montrant ces lieux dont on parle beaucoup sans savoir à quoi ils ressemblent. Ces lieux assemblant sous la contrainte des personnes qui n’avaient pas choisi de vivre ensemble. Ce peut-être le camp de Sangatte, les chambres du Samu Social de Paris, ou les maisons de détention. Maison d’arrêt de la Santé, Maison centrale de Clairvaux.
Pour la première fois un choix de photographies s’étalant sur 10 années sera présenté à la Fenêtre. On verra également les images réalisées par les détenus de Clairvaux au cours d’un workshop, mené avec eux en 2011-2012.
C’est une longue histoire de l’incarcération qui est ainsi évoquée par l’exposition. De l’abbaye de Clairvaux aménagée en prison à la prison de la Santé avec son plan panoptique, les espaces évoluent et leur représentation devrait permettre de réfléchir à ce que signifie une peine de privation de la liberté.»
Jacqueline Salmon
Clairvaux
Fondée au XIIe siècle par Saint Bernard, l’Abbaye de Clairvaux a connu à travers les âges de nombreuses modifications architecturales et fonctionnelles.
Vendue à des industriels au moment de la Révolution française, puis devenue en 1804 un centre pénitentiaire, elle est dotée en 1960 de nouveaux locaux. Aujourd’hui, la Maison centrale de Clairvaux reçoit les condamnés les plus difficiles, peines longues ou perpétuités, dont le régime de détention est essentiellement axé sur la sécurité.
En 2002, le ministère de la Justice rétrocède au ministère de la Culture et de la Communication une partie des bâtiments de l’ancienne abbaye, désaffectés et non utilisés par la prison, afin d’en envisager la restauration et une plus grande ouverture au public.
Les trois kilomètres de mur de la vieille enceinte monastique enferment donc un double lieu de mémoire qui témoigne de neuf siècles d’enfermement vécus dans la liberté des uns et la contrainte des autres, au cœur d’un même espace clos. Jacqueline Salmon y a mené un travail photographique de 1993 à 1996.
surveiller, pardonner, punir et vivre
« Les « longues peines » de la centrale pénitentiaire de Clairvaux sont détenus dans un lieu chargé d’histoire. De Saint Bernard et de l’invention de l’architecture cistercienne, au cloître du XVIIIe. Des « cages à poules » aux bâtiments récents de la détention, ils participent à une histoire dont tous les éléments sont ceints du même mur ancestral. De ce lieu, ils ne voient rien, de son histoire ils ne connaissent rien, ou très peu.
Les photographies réalisées à Clairvaux, sont la figuration du destin des hommes qui y ont toujours été installés dans la réclusion. Qu’en est-il aujourd’hui du projet de rédemption des âmes, conduit par Saint-Bernard puis par des théoriciens de la prison tel Abel Blouet ? »
Jacqueline Salmon, 1993.